Fotoausstellung 2022
François Laxalt (FR)
NORETURN et SENBAZURU
Ort
Blumenhaus
Führungen
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NORETURN
NoReturn est un hommage à Aaron Siskind au travers de sa série “Pleasures and Terrors of Levitation”.
Quand on a fait le grand saut de la vie, de sa vie, il n'y a plus de retour possible.Il faut avancer, monter, descendre, vivre tout simplement.
Mais dans chacune de nos actions, dans chacun de nos mouvements se cache la possibilité de l’art. Sans retour.
SENBAZURU
“J’écrirai la paix sur vos ailes et vous volerez à travers le monde pour porter ce message”.
Lorsqu’en mai 1955, Sadako Sasaki écrit ces lignes dans son journal intime, elle est très jeune, elle ne connaît probablement pas Eluard et son “Liberté j’écris ton nom” (1942) ; et elle est en train de mourir d’une leucémie à l’hôpital d’Hiroshima. Son seul espoir consiste en une course effrénée contre la mort et pour cela elle doit finir son Senbazuru.
Au Japon, la grue est symbole de paix et de longévité. En japonais un ‘Senbazuru’ représente un origami géant, composé de mille grues de papier associées sur un fil. La légende dit que celui qui fabrique un Senbazuru peut faire un vœu qui sera exaucé par les Dieux.
Sadako Sasaki n’a pas eu cette chance. Elle avait 2 ans quand elle a été irradiée lors du bombardement d’Hiroshima ; mais sa leucémie ne s’est déclarée qu’à l’âge de 11 ans alors qu’elle était une jeune fille pleine de vie.
A l’hôpital, la maladie gagne rapidement du terrain. QUand son père lui parle de la légende du Senbazuru, elle n’hésite pas. Elle décide de confectionner mille grues en papier – son senbazuru – et ainsi de demander sa guérison aux Dieux.
Avec son énergie et un fol espoir, elle commence à faire ses grues en origami. Mais elle commence à manquer de papier ; elle utilise alors tous les papiers qu’elle peut trouver : cahiers d’écolière, papiers divers qu’elle trouve dans d’autres chambres, paquets cadeau, étiquettes des flacons de médicament….
Mais malheureusement elle meurt après avoir confectionné sa 644ième grue.
Ses camarades de classe émus et solidaires termineront son Senbazuru afin qu’elle soit enterrée avec. Depuis, Sadako Sasaki est devenue un symbole international de la paix.
Dans son carnet intime, cette phrase : “J’écrirai la paix sur vos ailes et vous volerez à travers le monde pour porter ce message ».
Faire de mille grues un objet photo unique, un senbazuru, le partager avec vous et espérer qu’il provoquera la création de mille mondes, de mille rêves porteurs de paix, tel est mon projet.
François Laxalt (FR)
Je vis et travaille à Paris ; la photographie est ma façon de percevoir le monde qui m’entoure depuis 15 années passionnantes.
Dans nos vies trop répétitives, banales, digitales, quelle place reste t‑il pour l’art photographique? Est-il condamné à faire le grand écart entre les selfies Instagram et les projets plasticiens conceptualisés ? Je fais le pari qu’il existe dans la vie quotidienne de chacun de nous des moments visuels, des chocs émotionnels qui constituent une autre vision du monde et de l’art photographique. “There’s a crack in everything, That’s how the light gets in” nous dit Leonard Cohen dans “Anthem”. Oui, je crois aux fissures dans le masque du quotidien. Il y a ces espaces, ces moments inaperçus par lesquels la lumière, la beauté se manifestent, venues d’un autre monde, caché, mais omniprésent.
Mon projet consiste à révéler avec mes photographies ces failles artistiques afin de les faire remonter au-dessus du contrôle de la conscience et ainsi révéler le merveilleux et l’harmonieux qui vivent cachés dans les plis de nos vies matérielles.
En photographiant les apparitions artistiques récurrentes dans ma vie quotidienne, dans le ciel, sur un trottoir, dans un verre, je révèle aussi la possibilité de ces oeuvres dans le quotidien ‑passé et futur- de chaque spectateur. Il n’est pas ici question d’instant décisif car les “choses” photographiées sont dans leur essence immuables, banales ou répétitives. C’est l’accumulation de leurs apparitions qui transforme l’image en projet photographique. C’est l’universalité de leurs apparitions qui je l’espère transforme un moment de vie personnel en espérance artistique.
Nous verrons tous encore des vols d’oiseaux, des voyageurs dans le métro, des taches sur les murs. Et j’espère que les photos que vous regardez aujourd’hui, changeront demain la façon dont vous percevez le continuum d’images de votre quotidien, pour y percevoir dans certaines failles les émotions artistiques et les promesses de l’émerveillement. Photographier pour ré-enchanter le monde.